A quoi ressemble le dialogue social en France ?

La vision des relations sociales est très subjective, les sondages et autres enquêtes le montrent. Concernant le dialogue social en France, si la relation idéale est mutuellement définie comme « constructive », les avis des employeurs et des salariés divergent clairement sur les autres jugements.

S’appuyant sur des enquêtes de sources différentes, l’Intefp* a publié sur le site Format dialogue, dédié aux formations communes employeurs-salariés, des données qui donnent un éclairage sur l’opinion des Français sur le dialogue social. Il indique ainsi les freins à dépasser pour parvenir à des relations sociales en entreprise plus équilibrées.

 

Une idée du dialogue social en France plutôt négative

De manière générale, les Français pensent que le dialogue social fonctionne plutôt mal, voire très mal dans notre pays pour 85 % des personnes interrogées. Quand il s’agit d’estimer les conséquences de ce mauvais fonctionnement des relations entre syndicalistes et employeurs, les sondés jugent que :
– ce sont la croissance et la performance des entreprises qui en pâtissent le plus (42 %) contre 15 % d’opinion positive), – puis l’emploi (38 % contre 17 % d’opinion positive),
– et le pouvoir d’achat (32 % contre 14 %).

L’amélioration des conditions de travail des salariés est le seul sujet pour lequel les salariés sondés pensent que les relations sociales en France ont du bon (27 % d’opinion négative contre 30 % d’opinion positive).

Une vision de la qualité du dialogue social en entreprise variable selon les interlocuteurs

A la question de la qualité des relations sociales au sein même des entreprises, salariés et employeurs sont, dans les mêmes proportions d’accord (respectivement 54 % et 58 %) sur le fait que le dialogue social est dans l’ensemble plutôt bon. En contradiction finalement avec leur vision du dialogue social en France ! Mais quand on entre dans le détails, les salariés sont tout de même plus pessimistes que leurs employeurs.

L’écart s’agrandit donc quand on demande d’aller plus loin dans le jugement de valeur : les employeurs sont 35 % à penser que le dialogue social dans leur entreprise est très bon, contre seulement 9 % des salariés.
29 % des salariés pensent même qu’il est plutôt mauvais contre seulement 5 % des employeurs. 8 % des salariés jugent que le dialogue social dans leur entreprise est très mauvais contre 1 % des employeurs. Les uns et les autres n’ont donc visiblement pas la même vision des choses dans la même entreprise.

Ce constat de divergence de vue se retrouve également quand on demande si le dialogue social dans l’entreprise va en s’améliorant (67 % pour les employeurs, 46 % pour les salariés) ou en se dégradant (15 % pour les employeurs, 53 % pour les salariés).

Une idée commune du dialogue social idéal : il doit être constructif

Le consensus semble cependant atteint quand il s’agit de définir le dialogue social idéal : 77 % des chefs d’entreprises et 82 % des salariés le désignent comme « constructif ». Les employeurs sont aussi 20 % à le définir comme « apaisé » ; un terme peu mentionné (8 %) par les salariés.

Et qu’en est-il dans leur entreprise ? 54 % des dirigeants définissent l’ambiance de leurs relations sociales comme effectivement « constructives », contre seulement 31 % des salariés. 30 % et 27 % d’entre eux le jugent « apaisé » et seuls les salariés mentionnent les termes de « revendicatif » et de « conflictuel ».

Quelle vision des relations sociales par pays ?

On peut se rassurer : la France n’est pas classée parmi les pays où le dialogue social est le plus hostile. En revanche, par comparaison, les représentants des travailleurs français estiment ne pas être suffisamment formés pour remplir leur rôle.

 

Sources :
http://formatdialogue.intefp.fr
– CSA-IST mars 2013
– Opinionway pour Société en mouvement : « Les Français et le dialogue social, janvier 2014 »
– Sondage Odoxa pour Humanis, septembre 2015
– Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de travail, 2011.

*Intefp, institut national du travail de l’emploi et de la formation professionnelle. Il forme notamment les inspecteurs du travail.