L’engagement des salariés dans le dialogue social reste faible

Selon l’étude de la Dares, une entreprise* sur trois n’est couverte par aucune instance représentative du personnel, soit 1,5 million de salariés. Pourtant l’organisation d’élections professionnelles est une obligation légale dès lors que l’établissement dépasse ou atteint 11 salariés.

La première raison invoquée par la moitié des employeurs concernés est « l’absence de candidats aux dernières élections professionnelles » suivie de « l’absence de demande des salariés d’organiser une élection » (25 %). Un manque d’implication confirmé par les élus du personnel interrogés : dans 38 % des établissements disposant d’au moins une instance représentative, les représentants des salariés indiquent qu’il n’y a pas suffisamment de candidats pour occuper les fonctions d’élus.

« Les difficultés de concilier travail et fonctions représentatives », « la peur des représailles de la part de la direction » et « le manque d’information sur l’utilité des représentants du personnel » expliquent cette désaffection selon les élus du personnel ; mais c’est surtout « l’individualisme et le désintérêt des salariés » qui est mis en cause par 58 % d’entre eux.

L’engagement des salariés dans les relations sociales faiblit

Si la carence de candidats aux élections professionnelles n’est pas neuve, le fait que les salariés rechignent à se rendre aux urnes pour élire leurs représentants est plus récent. C’est un constat qui doit alerter les DRH. En effet, lors de l’enquête Reponse de 2011, 69 % des salariés interrogés déclaraient avoir voté lors des dernières élections professionnelles. Cette fois, ils ne sont plus que 63 %. Même repli en ce qui concerne leur participation à une réunion organisée par les représentants du personnel. 26 % des salariés y avaient pris part en 2011. Six ans plus tard, ils ne sont plus que 22 %.

Le contexte économique plus stable en 2017 qu’en 2011 et l’apaisement du climat social dans les entreprises, moins promptes à engager des changements organisationnels, expliqueraient ce moindre engagement des salariés. Mais pas seulement : si les salariés se montrent plus en retrait des relations sociales, c’est aussi parce qu’ils peinent à identifier les résultats tangibles du dialogue social dans leur entreprise.

Une législation en faveur d’un dialogue social de proximité

En Europe, certains pays ont conditionné l’accès aux droits produits par les accords collectifs à l’adhésion syndicale. C’est une façon de rendre visible le travail des représentants du personnel et des DRH. En France cela n’est pas le cas. Depuis le début des années 2000, les différentes législations ont surtout cherché à susciter des vocations en sécurisant les parcours professionnels des représentants des salariés. La loi du 17 août 2015, dite loi Rebsamen, fixe ainsi de nouvelles obligations pour les employeurs concernant la carrière des syndicalistes et des mandatés et crée des certificats de compétences professionnels qui leur sont dédiés (concrétisées en juin 2018 par deux arrêtés). Si le rapport Simonpoli remis à la ministre du Travail en août 2017, suggérait à nouveau quelques évolutions sur ce sujet (des possibilités d’évolution vers l’inspection du travail pour les élus et les délégués syndicaux, l’enseignement du dialogue social dans les grandes écoles et les universités…), elles n’ont pas été prises en compte dans les ordonnances Travail, dites aussi ordonnances Macron, publiées un mois après.

Il reste également un chantier à ouvrir d’urgence par les DRH et les syndicats : celui de l’information pédagogique et valorisante de l’utilité du dialogue social à l’attention des salariés.

 

Anne-Cécile Geoffroy

À savoir égal
Agence de digital learning en social-RH

 

* L’enquête de la Dares interroge les différents acteurs (direction, représentants du personnel, salariés) des entreprises de 11 salariés ou plus des secteurs marchands et associatifs.