L’association RDS, pour Réalités du dialogue social, mène une enquête auprès d’étudiants du supérieur sur leur perception des relations sociales en France. A l’occasion de son assemblée générale, les premiers résultats ont été présentés. Bilan : constat d’un manque de formation au dialogue social, de la légitimité préservée des syndicats et de la responsabilité centrale des directions et des managers.
Il est permis d’espérer une évolution constructive du dialogue social en France quand on lit les résultats de l’enquête menée par l’association RDS auprès d’étudiants de grandes écoles et d’Université. Menée depuis le mois de février, elle a recueilli 165 réponses. 71 % des répondants sont des femmes, 53 % sont en filière RH, 51 % sont en niveau master 2 (bac +5) et 87 % d’entre eux ont déjà réalisé un stage en entreprise. Les participants à cette enquête sont donc, par leur profil, impliqués et intéressés par les relations sociales en entreprise.
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Le dialogue social se traite en priorité dans l’entreprise pour 41 % des étudiants répondants, puis dans la branche ou dans le secteur d’activité (32 %) et enfin à l’échelle nationale (20 %, 7 % pour l’Europe).
Les premiers constats sont qu’un étudiant sur deux environ (47 %) ne bénéficie pas de volet sur les relations sociales au cours de son cursus de formation. D’ailleurs, 55 % seulement des étudiants interrogés se sentent préparés à traiter les relations sociales dans leur futur rôle d’encadrant et, plus grave, parmi les étudiants RH, seuls 51 % se sentent prêts…
Plus globalement, la majorité des jeunes interrogés (74 %) estime avoir une bonne connaissance de l’entreprise et pense (85 %) que le dialogue social fonctionne plutôt mal en France.
Le souhait de négociation n’exclut pas la nécessité de la grève…
Pourtant, quand on regarde les réponses dans le détail, on constate la persistance de la conviction, chez un étudiant sur deux, à la fois que :
– le nombre d’accords signés chaque année atteste de la vitalité du dialogue social
et
-la défense ou la remise en cause des acquis sociaux bloquent le dialogue social.
Vu à l’inverse, on constate donc qu’un étudiant sur deux pense que le conflit n’est pas forcément source de blocage… Ainsi 81 % des répondants jugent que le fait de faire grève n’est pas forcément un refus du dialogue social. La culture de contestation des Français se confirme donc ici, mais dans un état d’esprit ambivalent et ouvert à la négociation.
Les projets et réalisations de RDS en 2019 |
![]() L’enquête de l’association RDS s’intéresse à la vision des jeunes sur le dialogue social. L’association RDS, dont l’objet est de promouvoir le dialogue social et son utilité, rassemble 200 membres issus à la fois d’entreprises, d’institutions publiques et d’organisations syndicales. Ils se réunissent dans le but de contribuer à diffuser une culture du dialogue social. L’association est un lieu de partage et d’échanges libres sous la forme de conférences, rencontres, débats, cercles d’échanges et petits-déjeuners. |
Confiance-défiance envers les syndicats : leur légitimité tout de même confortée
L’aspect plutôt rassurant pour les partenaires sociaux et leur avenir est que 69 % des étudiants estiment que l’action syndicale est légitime dans l’entreprise et 74 % reconnaissent la légitimité des syndicats.
On remarquera tout de même que plus de 20 % estiment que « dans une entreprise où les salariés entretiennent de bonnes relations sociales », et « où ils peuvent régler leurs problèmes professionnels directement avec leur manager », on n’a, par conséquent pas besoin de syndicats. La défiance existe donc toujours bel et bien envers les syndicats.
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Solution : faciliter le droit à se syndiquer dans les entreprises
Quand on demande ensuite à ces futurs salariés et managers comment, en conséquence, augmenter le taux de syndicalisation, ils proposent de :
– renforcer les espaces et opportunités d’échanges entre syndicats et salariés (62 %)
– mieux respecter dans les entreprises la liberté de se syndiquer (58%)
– développer le syndicalisme de service : services réservés aux adhérents, accords applicables uniquement aux adhérents du syndicat signataire (59%)
– faire financer la cotisation syndicale par l’employeur (20%)
Pour la large majorité des étudiants, les relations sociales relèvent de la responsabilité des DRH (81 %), ensuite des managers (58 %), ensuite des IRP (48 %), des syndicats (32 %) enfin des salariés (23 %).
90 % des étudiants en ressources humaines considèrent que c’est de la responsabilité des responsables RH, alors que 49 % des étudiants des autres filières le pensent. Les étudiants en RH ont donc bien intégré leur rôle dans l’entreprise en termes de dialogue social.
La quasi-totalité des étudiants ont par ailleurs conscience que le champ des relations sociales va occuper une place centrale dans leur future activité professionnelle.
A la question de la manière de construire de bonnes relations sociales, les étudiants sont la majorité à penser qu’elles se bâtissent dans les réunions entre la direction et les équipes (82 %) et via les instances de représentation du personnel (56 %). L’utilisation de réseaux sociaux internes et externe et la communication par les managers sont ensuite évoquées.
Enfin, pour les étudiants interrogés, de bonnes relations sociales sont sources en priorité :
– de meilleures conditions de travail (82 %)
– d’un climat social apaisé (81 %)
– d’amélioration de la qualité des produits ou des services de l’entreprise (28 %)
– d’une politique de rémunération cohérente (25 %)
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Philippine Arnal-Roux
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