La VAE : un moyen de sécuriser les parcours professionnels

La validation des acquis de l’expérience ou VAE, permet aux salariés de décrocher une certification professionnelle sur la base de leur expérience. Créée en 2002, le dispositif peine encore à décoller dans les entreprises. Celles-ci pourraient pourtant s’appuyer sur cet outil pour répondre à l’enjeu de sécurisation des parcours professionnels.

 

Dix-huit ans après sa création, la validation des acquis de l’expérience est encore trop peu exploitée par les entreprises. La dernière réforme de la formation, très centrée sur le CPF et sa monétisation, n’a pas cherché à la promouvoir pour lui donner un second souffle. Tout juste a-t-elle adapté ce dispositif à la réforme.

 

Mettre en valeur les compétences des salariés

vae_valorisation des competencesPourtant la VAE a révélé des apports inattendus ces dernières années. « Il s’agit bien plus qu’une démarche qui vise à transformer l’expérience en diplôme, a souligné David Rivoire, fondateur de l’entreprise sociale et solidaire Les Deux rives, spécialisée dans l’accompagnement à la VAE lors d’une conférence donnée à l’Université d’hiver de la formation professionnelle du Centre Inffo, fin janvier à Biarritz. C’est aussi un processus qui redonne confiance en soi, met en valeur les compétences des salariés, les pousse à passer d’une posture statique à une posture dynamique, d’observation de leur travail. »

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La VAE pour donner du sens

Chez Air France, Véronique Flavigny, responsable de la politique et du plan de formation, abonde. La compagnie aérienne s’est intéressée à la VAE dès 2007. « Au début, il s’agissait d’utiliser le dispositif comme un outil d’optimisation des coûts de la formation, reconnaît la responsable. Mais il s’est révélé bien plus puissant. Notamment lorsque la VAE est hybridée à un parcours de formation (voir l’encadré ci-dessous). Pour les salariés, c’est un moment réflexif sur leur travail et les compétences qu’ils détiennent. Ils sont guidés en cela par un coach entre 15 et 20 jours par an. Cette démarche analytique leur permet aussi de comprendre le sens de leur travail. »

 

Plus de 500 salariés d’Air France ont été diplômés depuis 2014. Une centaine intègre chaque année le dispositif. « Ils savent que la VAE ne les amène pas à une promotion interne. En revanche cette démarche a permis à certains de renforcer leurs compétences alors que les métiers se transforment très vite, de changer de poste et dans neuf cas sur dix, elle a renforcé la fidélité à l’entreprise », souligne la responsable.

La VAE dans tous ses états

Depuis sa création en 2002, la VAE a beaucoup évolué. Au point qu’il en existe plusieurs formes.

La VAE classique

Le salarié s’appuie sur son expérience professionnelle passée pour rédiger un dossier de validation des acquis de l’expérience qui met en avant les compétences acquises. Un jury détermine si le candidat a fait la démonstration de ses acquis et valide entièrement ou partiellement la certification visée.

La VAE hybride

Un diagnostic des compétences manquantes est réalisé en amont de la démarche de VAE d’un salarié. Un programme de formation construit à partir de ce diagnostic permet ensuite au salarié de suivre des enseignements pour acquérir de nouvelles compétences, tout en rédigeant parallèlement son dossier de VAE. L’idée est qu’il fasse le lien entre ses expériences professionnelles et les nouveaux acquis issus de la formation. La démarche permet de raccourcir la durée d’une VAE.

La VAE collective

Il s’agit d’une démarche de validation des acquis de l’expérience qui s’adresse à plusieurs salariés en même temps en vue d’obtenir une certification. Dans l’entreprise, les VAE collectives s’inscrivent dans une orientation stratégique de gestion des ressources humaines. L’intérêt : créer une appétence pour la formation.

La VAE inversée

Il s’agit dans ce cas de s’appuyer sur la situation de travail pour amener le salarié vers une certification. Toutes les semaines, ce dernier, accompagné par un professionnel, s’arrête sur les tâches réalisées et construit ainsi en parallèle son dossier de VAE en identifiant les compétences mobilisées et acquises en situation de travail.

 

La VAE pour répondre aux enjeux de la réforme  

Pour David Rivoire, « la VAE pourrait être le point commun de tous les enjeux qu’entend relever la réforme de la formation. Par exemple celui de l’individualisation des parcours avec la VAE hybride : les actifs ne seraient pas obligés de passer l’ensemble d’une certification s’ils peuvent valider déjà certains blocs de compétences. La VAE inversée pourrait également être articulée avec une action de formation en situation de travail. » Autant de pistes prometteuses mais qui, pour le moment ne se traduisent pas dans les chiffres de la VAE. En 2018, 62 619 personnes ont déposé un dossier en vue d’obtenir un diplôme mais seulement 38 677 candidats se sont présentés devant un jury.

Pour mieux comprendre cette déperdition de candidats et identifier les points de blocage, les ministères de la santé, du travail et de l’enseignement supérieur ont confié en décembre 2019 une mission à trois experts : Claire Khecha, ancienne directrice générale de l’opco Constructys, Yanick Soubien, ancien vice-président du conseil régional de Basse Normandie en charge de la formation professionnelle et David Rivoire.
Ces derniers doivent formuler des propositions concrètes pour augmenter le nombre de VAE, renforcer et encadrer les pratiques d’accompagnement, mieux organiser les validations partielles par blocs de compétences ou encore mieux utiliser le dispositif pour répondre à la problématique de l’adaptation des compétences des personnes occupant un emploi menacé… Leur rapport annoncé pour fin janvier 2020 n’est pas encore sorti.
A suivre…

 

Anne-Cécile Geoffroy
A savoir égal
Agence de digital learning en social-RH