Le conseil en évolution professionnelle : outil de gestion des carrières

La réforme de la formation professionnelle entend rendre les individus acteurs de leur parcours professionnel. C’est le rôle du conseil en évolution professionnelle, un service gratuit dont l’ambition est de sécuriser les carrières des actifs. Reste à développer une culture de l’anticipation chez les salariés, et faire prendre conscience aux entreprises qu’elles ont un rôle à jouer dans ce domaine.

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Image extraite du site Transitionspro.fr

Faire le point sur sa situation, élaborer un projet professionnel (une mobilité, un changement de métier…) et le mettre en œuvre en étant accompagné : tel est l’objet du CEP, le conseil en évolution professionnelle, auquel peuvent s’adresser tous les actifs, qu’ils soient ou non en emploi : « Toute personne ayant une activité peut être accompagnée par un opérateur régional du CEP pour réfléchir à son parcours professionnel, et cela quel que soit son statut », a rappelé Véronique Dessent-Torres, directrice des territoires et des partenariats de France compétences en introduction d’une conférence organisée à l’UHFP du Centre Inffo en janvier dernier.

 

 

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Le conseil en évolution professionnelle, un service désormais financé

France compétences est en effet chargé d’organiser ce service public. Institué en 2013 par la loi relative à la sécurisation de l’emploi, il souffrait jusqu’ici d’un vrai manque de notoriété auprès du public. Notamment parce qu’il n’était pas financé. Désormais, une enveloppe est consacrée à son fonctionnement : entre 1 et 3 % de la contribution unique à la formation professionnelle et à l’alternance payée par les entreprises seront fléchés vers le CEP.

 

Qui sont les opérateurs du CEP ?

Les opérateurs du conseil en évolution professionnelle sont membres du service public régional d’orientation, le SPRO. Quinze structures, sélectionnées par France compétences, assurent le conseil en évolution professionnelle.

On trouve quatre acteurs nationaux :

  • Pôle emploi pour les demandeurs d’emploi,
  • l’Apec pour les cadres,
  • les Cap emploi pour les actifs handicapés,
  • les missions locales pour les jeunes.

Douze opérateurs régionaux :

  • sept CIBC (centres interinstitutionnels de bilan de compétences),
  • la CCI de Meurthe et Moselle,
  • les cabinets conseils en ressources humaines Tingari, Catalys Conseil, Anthéa RH et Aksis.

 

Mais même financé, l’enjeu d’appropriation et de mobilisation des salariés est toujours prégnant. Malgré le fait qu’il soit accessible gratuitement et en toute confidentialité, « on ne vient pas voir un conseiller CEP quand tout va bien mais quand on a un caillou dans sa chaussure. Les salariés ne sont pas encore dans l’anticipation », a souligné Tatiana Jacenko, responsable du pôle marketing et de la stratégie de l’Apec.

 

Créer un réflexe CEP en entreprise

En France, les actifs n’ont pas l’habitude de s’interroger sur la façon de se former, de développer ses compétences, de préparer un entretien professionnel, d’être accompagné dans le cadre d’un projet de mobilité, etc.

De ce point de vue, l’entreprise a un rôle à jouer au moment de l’entretien professionnel. L’employeur doit informer le salarié de l’existence du conseil en évolution professionnelle à cette occasion : c’est une obligation.

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En effet, les conséquences de certaines décisions peuvent être lourdes. Les salariés qui souhaiteraient démissionner pour projet professionnel tout en bénéficiant de l’assurance chômage le temps de préparer leur reconversion, doivent obligatoirement être accompagnés par un conseiller CEP ; et cela avant même de présenter leur démission. Le  risque est de ne pas être indemnisé par Pôle emploi.

Un CEP sur mesure

A chaque individu son CEP ! L’un des enjeux des opérateurs de ce service public est d’individualiser l’accompagnement CEP au plus près des aspirations du salarié mais aussi des besoins économiques et sociaux du territoire dans lequel il travaille. « Nous devons être dans la co-construction des parcours avec les personnes pour qu’elles se sentent impliquées, qu’elles saisissent les différents outils à leur disposition et que cette dynamique dure dans le temps », a expliqué Schany Taix, de la fédération des CIBC (centres interinstitutionnels de bilan de compétences).

Pour cela, le service proposé doit être accessible et souple avec, selon les régions et les opérateurs, un numéro vert pour un premier niveau d’information, une ouverture du service en soirée pour permettre aux salariés de rencontrer leur conseiller facilement en face à face ou à distance…

 

Le CEP pour fidéliser les salariés

Au-delà de leur obligation d’information, les employeurs peuvent également s’appuyer sur le CEP pour l’intégrer à leur politique RH. « L’enjeu est aussi de savoir comment on fait de ce dispositif un outil de gestion des carrières dans les entreprises, a expliqué Schany Taix, délégué général de la fédération des CIBC. Les opco ont sans doute un rôle important à jouer pour que les entreprises s’approprient elles aussi ce dispositif. »

De fait, la porte d’entrée pour les entreprises est l’opérateur de compétences. Depuis la réforme, l’une des missions des opco est de fournir un service de proximité aux TPE-PME pour favoriser la formation et la sécurisation des parcours professionnels des salariés.

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« Nous sensibilisons les entreprises au CEP via l’information que nous déployons sur l’entretien professionnel, a indiqué David Tondellier, délégué régional Nouvelle Aquitaine de l’opco Atlas à l’UHFP. Mais attention, dans certaines entreprises, nos interlocuteurs craignent aussi que le fait de parler du CEP à leurs salariés soit perçu comme un appel à aller voir ailleurs. Notre message, c’est qu’il s’agit avant tout d’un outil de fidélisation des salariés. Pour qu’une entreprise se développe, elle a en effet besoin de former ses salariés. » En incitant les salariés à consolider leurs compétences, le CEP leur permet de se projeter dans l’avenir, y compris dans leur entreprise actuelle.

 

Anne-Cécile Geoffroy
A savoir égal
Agence de digital learning en social-RH