La treizième enquête annuelle sur la perception de la discrimination au travail montre que les victimes, toujours nombreuses, osent cependant de plus en plus parler.
On peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. En ces temps de mauvaises nouvelles, choisissons d’être optimiste. En décembre 2020, le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail ont publié leur 13e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi*. Si le nombre de propos ou de comportements stigmatisants reste toujours trop élevé, leur rapport montre aussi que les victimes de discrimination sont de plus en plus nombreuses à entreprendre des démarches pour faire valoir leurs droits, notamment via un dialogue avec leur direction.
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Des discriminations à l’œuvre dans le milieu professionnel
En 2020, près de 41 % des personnes actives en France ont déclaré avoir été victimes d’un comportement ou propos sexiste, homophobe, raciste, lié à l’état de santé, au handicap, à la religion ou à d’autres caractéristiques personnelles au travail.
Près du quart des personnes interrogées affirment avoir été victimes de discrimination au travail ou de harcèlement discriminatoire dans l’emploi, les critères de discrimination les plus souvent évoqués étant l’apparence physique, le sexe et l’état de santé.
Chiffre également alarmant : 80 % ont déclaré avoir connu une situation de dévalorisation au cours de leur vie professionnelle.
Dans de nombreux cas, tous ces vécus tragiques se cumulent. Ainsi, montre le rapport, 24 % de la population active déclarent avoir été cumulativement confrontées à des discriminations, des propos et comportements sexistes, racistes, homophobes, liés à la religion, handiphobes ou à l’état de santé et des formes de dévalorisation au travail.
Alors que faire ? Comme le soulignait déjà le 11e baromètre, « pour l’employeur, il convient donc d’appréhender la prévention du harcèlement, des risques psychosociaux et des discriminations dans un ensemble cohérent malgré les diverses qualifications juridiques auxquelles ces situations peuvent renvoyer ».
Le harcèlement discriminatoire, de quoi parle-t-on ? |
D’après la loi (article 1 de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008), le harcèlement discriminatoire est une forme de discrimination et se définit comme : « tout agissement lié à [un motif prohibé], subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant, offensant ». |
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Discrimination au travail. De plus en plus de victimes osent parler
Sans surprise, de telles expériences ont des conséquences parfois dramatiques sur la vie des travailleurs, que ce soit dans la vie personnelle ou professionnelle.
La majorité des victimes de discrimination a été confrontée à des répercussions négatives sur sa vie professionnelle ou à des mesures de rétorsion de la part de la hiérarchie : 19 % ont été licenciées ou non renouvelées après les faits et 14 % ont reçu un avertissement ou un blâme, ou bien ont été mutées contre leur gré.
C’est sans aucun doute le point le plus positif du rapport : en 8 ans, explique le rapport, les victimes sont cependant deux fois plus nombreuses à réagir face à une discrimination.
Ainsi, près des trois quarts de la population active ayant été confrontée à une discrimination déclarent avoir entrepris des démarches à la suite des faits, la procédure la plus fréquente étant le dialogue avec la direction (53 % des cas).
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Des mesures de lutte contre les discriminations dans l’emploi à prioriser
Certaines mesures prises pour lutter contre la discrimination au travail ont été particulièrement plébiscitées par les personnes interrogées. En tant qu’employeur, n’hésitez pas à les mettre en place. Il s’agit :
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d’objectiver les procédures de recrutement ;
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de mettre en place un recours confidentiel et l’implication des organisations syndicales et patronales dans les actions de prévention des discriminations ;
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de favoriser l’embauche de personnes habituellement discriminées ;
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de publier les données chiffrées sur les écarts de rémunérations.
En ce qui concerne les dispositions favorisant l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’emploi, 80 % des personnes interrogées ont adhéré aux dispositifs suivants :
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l’incitation des employeurs à prendre des mesures pour mieux concilier la vie professionnelle et familiale ;
-
le développement des solutions de garde d’enfants accessibles à tous.
Lou-Eve Popper
*13e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi
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