À côté des dispositifs comme le CPF, les demandeurs d’emploi peuvent se former à un nouveau métier via la préparation opérationnelle à l’emploi collective. Pour l’entreprise c’est un moyen de recruter sur des métiers dits en tension. Exemple avec l’enseigne Hmarket. Marie-Charlotte Dubuis, responsable du pôle formation de l’entreprise explique l’intérêt de ce dispositif de formation.

Marie-Charlotte Dubuis Hmarket. DR
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Pourquoi avoir mis en place une POEC ?
Hmarket ce sont 700 salariés répartis sur sept points de ventes en Île-de-France. Nous ouvrons un à deux magasins par an. Jusqu’ici nous rencontrions des difficultés pour recruter des profils d’employés de libre-service. La préparation opérationnelle à l’emploi collective est apparue comme une solution efficace pour contourner cet obstacle. En effet, le dispositif permet de former de futurs salariés tout en testant leurs aptitudes sur le terrain avant de les recruter. Par ailleurs, la POEC résonne bien avec les valeurs de l’entreprise puisqu’il s’agit de former et d’accompagner des demandeurs d’emploi pour les aider à retrouver un travail.
Comment se déroule cette préparation opérationnelle à l’emploi ?
En deux temps. D’abord, les personnes suivent une période de formation théorique. Dans notre cas, elle est de 175 heures. La formation se déroule pour le moment à distance compte tenu de la crise sanitaire. Puis les apprenants réalisent une immersion dans l’un de nos magasins pendant 84 h. A l’issue de la POEC, nous pourrons embaucher directement les personnes en CDI, si elles le souhaitent ou encore leur proposer de poursuivre en contrat de professionnalisation si par exemple certaines veulent aller vers une spécialisation dont nous avons besoin.
Comment avez-vous procédé pour déployer ce type de projet ?
La première porte à pousser est celle de l’opérateur de compétences. Dans notre cas, l’Opcommerce nous a aidé à identifier le dispositif à même de répondre à notre besoin et le métier sur lequel nous souhaitions amener les candidats. En effet, nous n’aurions pas pu déployer cette POEC si le métier recherché n’avait pas été qualifié de « métier en tension » par notre branche professionnelle. Ensuite l’opco se charge de l’ingénierie financière. Pour Hmarket, l’enveloppe était environ de 40 000 euros.
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Les conseils de l’Opcommerce pour réussir une POEC |
« Pour faciliter la mise en place d’un projet de POEC, il est important que l’entreprise soit présente à chaque étape : dans la formulation du besoin avec son opco, la définition du profil des candidats, la présentation de l’entreprise aux demandeurs d’emploi…, explique Marie-Eve Gauzins, responsable du pôle co-financements et partenariats de l’Opcommerce. C’est un point important pour que tous les partenaires travaillent en confiance et identifient bien vos besoins et les recrutements à la clé. »Kaouthar Ben Arfa, cheffe de projet à l’Opcommerce rappelle de son côté qu’il est important de travailler le dossier avec son opco pour remplir toutes les conditions pour mettre en place ce dispositif. « On le sait peu mais si l’entreprise choisit une formation qui est programmée et financée par le conseil régional ou le Pôle emploi de votre région, la préparation opérationnelle à l’emploi collective ne pourra pas être déployée. Même chose la POEC a peu de chance d’être mise en place quand sur votre territoire, les demandeurs d’emploi sont assez nombreux à être formés sur le métier que vous ciblez. » Enfin, anticipez votre projet de POEC au maximum. « Il faut compter entre un mois et demi et trois mois pour engager et financer une préparation opérationnelle à l’emploi collective. Surtout si elle concerne la formation de travailleurs handicapés ou de réfugiés », souligne Marie-Eve Gauzins. |
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La deuxième porte à pousser est celle de Pôle emploi pour se rapprocher du conseiller chargé de suivre l’entreprise. Le nôtre connaît bien nos besoins et nos spécificités. C’est très important pour qu’il puisse présélectionner les demandeurs d’emploi et que les informations collectives organisées pour présenter l’entreprise et les postes ouverts au recrutement soient efficaces. L’objectif d’une POEC, c’est de sécuriser le plus en amont possible les recrutements. Dans notre cas, nous souhaitions recruter 24 personnes. A l’issue des entretiens nous avons sélectionné 21 candidats pour intégrer cette POEC. Tous sont très motivés et aucun n’a abandonné la formation en cours de route.
Comment avez-vous travaillé sur la formation ?
Nous avons travaillé avec un organisme de formation spécialisé dans le commerce. C’est un point important pour la réussite de ce projet. En travaillant en étroite collaboration avec lui, cela nous a permis de plonger directement les candidats dans la culture de l’entreprise, de les former à nos process, de les faire adhérer à notre projet. L’autre point important est d’évaluer régulièrement la satisfaction des apprenants pour ne pas les perdre, d’ajuster la formation si besoin et de proposer des activités variées et interactives même si tout se fait à distance. Et les résultats sont là car 95 % des personnes sont satisfaites de leur formation et de leur formateur.
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Avez-vous associé les représentants du personnel à ce projet ?
Pour cette première POEC, nous les avons tenus informés de façon informelle car le projet s’est monté rapidement. Néanmoins certains managers également membres du CSE nous ont aidé sur la partie recrutement. D’autre part, nous aimerions déployer une nouvelle préparation opérationnelle à l’emploi collective et cette fois-ci associer les représentants du personnel pour leur montrer l’intérêt de former les futurs salariés en amont de leur recrutement et les conséquences positives pour l’entreprise.
Quel cadre pour la POEC ? |
La préparation opérationnelle à l’emploi collective est un dispositif piloté par la DGEFP (délégation du ministère du travail) et Pôle emploi dans le cadre du programme d’investissement dans les compétences (PIC). Les opérateurs de compétences, les opco, identifient les besoins des entreprises adhérentes et font remonter ces besoins à Pôle emploi. L’agence pour l’emploi octroie ensuite une enveloppe financière pour la prise en charge du dispositif dont la durée maximale est de 400 heures dont un tiers en immersion dans l’entreprise. En effet, le dispositif vise l’accès à l’emploi durable. A l’issue d’une POEC, les demandeurs d’emploi se voient proposer un CDI, un CDD long (12 mois) ou un contrat en alternance (contrat de professionnalisation ou d’apprentissage). |
Anne-Cécile Geoffroy
A savoir égal
Agence de digital learning en social-RH
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