Mentir sur son CV peut être sanctionné d’un licenciement

Le directeur d’une association, ayant menti sur la détention effective d’un diplôme, a été licencié pour faute grave. La décision du conseil des prud’hommes a été confirmée par la cour d’appel de Lyon en mai 2021. Mentir sur son CV est risqué…

 

Le salarié avait été embauché en mai 2016 en tant que directeur d’un centre social sous la convention collective nationale des acteurs du lien social et familial. Dès le 17 juin suivant, une lettre recommandée avec accusé de réception lui a été adressée pour le convoquer à un entretien préalable en vue d’une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement…. Un licenciement qui lui a été ensuite effectivement notifié par le même moyen en date du 1er juillet 2016.

 

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Accumulation d’actes de mauvaise foi

mentir sur son cv

Photo : Unsplash

En cause, sa mauvaise foi d’une part sur les justifications d’absence à des réunions et d’autre part sur l’obtention réelle du diplôme qui lui avait permis d’obtenir le poste face à d’autres candidats.

Il avait en effet justifié son absence à quatre réunions, par une grève SNCF. Pourtant, vérifications faites, ces jours-là, les trains circulaient bien et lui auraient permis de venir. Ces premiers événements, ont commencé à faire « sérieusement » douter la direction de l’association sur la « réelle motivation » du nouveau directeur de centre social.

 

Un diplôme non validé n’est pas obtenu

Le salarié a ensuite indiqué début juin à un autre directeur, qu’il n’était pas en réalité titulaire du Master en management des structures d’actions sociales, qu’il avait pourtant mentionné sur son CV comme obtenu en 2007.

Malheureusement, ce diplôme était l’un des principaux éléments qui avait déterminé la préférence d’embauche face à deux autres candidats. L’association lui a ainsi indiqué par courrier que le fait qu’il ne soit « pas titulaire de ce diplôme constitue une difficulté insurmontable, de même que le fait [qu’il ait] remis un curriculum mensonger ». Une situation aggravée par le fait qu’il avait promis par écrit de fournir les preuves de la validation de ce diplôme.

 

Un licenciement pour cause réelle et sérieuse

Ainsi, par jugement du 18 juillet 2018, le conseil de prud’hommes saisi, a :

  • Jugé que le licenciement du directeur repose bien sur une faute grave
  • Débouté le salarié de l’ensemble de ses demandes
  • L’a condamné à payer à l’association les sommes suivantes : 1 000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive et 100 euros au titre des frais engagés.

Dans la foulé, le salarié a fait appel auprès de la cour d’appel de Lyon. En parallèle, l’association du Centre social, par un long exposé, a demandé à la même cour de confirmer le jugement rendu par le conseil de prud’hommes de Lyon.

Malgré toutes ces démarches, le jugement déféré a été confirmé en ce qu’il a jugé que le licenciement était bien régulier, qu’il est justifié par une cause réelle et sérieuse.

 

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C’est à l’employeur qui a licencié de démontrer les faits

Le jugement de la cour d’appel de Lyon dans ce cas, s’appuie sur les articles L.1232-1, L.1232-6, L.1234-1 et L.1235-1 du code du travail. Ils disent en substance qu’il incombe à l’employeur qui a licencié un salarié pour faute grave de :

  • établir l’exactitude des faits imputés à celui-ci dans la lettre qui lui notifie son licenciement
  • démontrer que ces faits constituent une violation des obligations découlant du contrat ou des relations de travail, d’une telle importance qu’elle rend impossible le maintien du salarié dans l’entreprise pendant la durée du préavis.

 

 

Indemnités, rappel de salaires et dommages-intérêts

En conséquence de la décision de la cour d’appel de Lyon, le salarié s’est vu débouté de l’ensemble de ses demandes d’indemnisation.

De plus, son licenciement étant confirmé pour faute grave, le salarié n’a droit ni à un préavis, ni à une indemnité de licenciement. Il a par ailleurs été débouté de sa demande de rappel de salaires et de congés payés, l’association lui ayant réglé correctement tout ce qu’elle lui devait en fonction de ses temps de travail.

Le salarié est par ailleurs condamné à payer les frais de procédure en appel, ainsi que 1 000 euros de dommages-intérêts pour procédure abusive.

 

Références du cas : CA Lyon, ch. soc. a, 12 mai 2021, n° 18/06501.